Ici, vous trouverez des textes écrits pour être partagés, des photos, des chroniques. C'est un lieu pour picorer, découvrir. Il s'enrichira doucement, pas vite, soyons patients et dîtes si vous aimez.
Evidemment, les textes comme les photos ne peuvent être reproduits sans l'accord de leur auteur, évidemment...
Bienvenue et bonne promenade .
les "vu dans la rue"
sont des instantanés, une photo faite au stylo, une impression ressentie et retranscrite. Nés d'une envie de partager des textes farfelus, sensibles, originaux sur un réseau social, les voici à nouveau.
Revue de presse et autres liens
Vu dans la rue N°135.
Montréal, le 20 février. Il est grand, pas elle. Il est maigre comme un clou, pas elle. Il est blanc comme le fromage du même nom, pas elle. Elle est petite, pas lui. Elle est dodue-potelée, pas lui. Elle est noire comme une nuit blanche, pas lui. Genoux pliés, dos vouté, il l'embrasse et sur la pointe des pieds, elle l'embrasse aussi. Ainsi chacun, chacune fait la moitié du chemin vers l'autre pour créer des lendemains caramel.
Vu dans la rue N°23.
Paris, le 13/05. Légère, elle glisse, caressée par ses vêtements. Son sac pleins de babioles l'alourdit à peine. Des talons hauts l'éloignent du trottoir et du commun des mortels qui la voit se frayer un chemin dans la rue qui coagule. ¨Princesse de Casamance, mi-lionne, mi-gazelle, d'un coup de tatane, elle accélère sans péter son talon. Difficile de rester irréelle quand on est adulte et qu'on fait de la trottinette...
N° 285. Roubaix, le 23 juin.
Soudainement, le ciel a changé. De limpide, il est devenu liquide
Brusquement, le ciel s'est chargé. D'azur, il est passé au noir.
Abruptement, le ciel s'est essoré, les sphincters grands ouverts.
Tordus comme des serpillères, les nuages n'ont pas gardé une seule goutte pour eux et la pluie a dégringolé comme le cours de la bourse quand on s'aperçoit que ce n'est que du vent comme celui qui vient de se lever.
Comme si on avait ouvert la douche, le monde s'est retrouvé trempé comme une soupe. Des vocations de sprinters se sont découvertes et les dénicheurs de coins et de recoins se sont trouvés un abri.
Comme si on versait l'eau à la louche, l'averse tombant à verse a transformé les flaques en lac et les rigoles en torrent.
Comme s'il voulait l'avoir à la bouche, le gamin marche les mains dans les poches, les pompes en éponge, la tête renversée et, surtout, la bouche grande ouverte pour qu'elle se remplisse.
La pluie plique et ploque et chatouille la glotte de celui qui, il n'y a pas de doute, doit marcher la langue tendue quand chutent les flocons.
N°48. Don, le 21 juin.
La radio qui distille ses informations entre deux tranches de grosses têtes annonce qu'il y a des bouchons. Il s'en fout, il surveille le sien. Il a déplié son pliant, installé ses réserves houblonnières à l'ombre et donne des cours de natation à un asticot qui se demande ce qui l'a piqué. Madame tricote à l'ombre d'un arbre. Le canal clapote. Le temps passe, il ne reste pas, on est en train de le tuer.